Biodiversité 4e partie – Arbustes et plantes vivaces sauvages indigènes

Do it + Garden s’engage depuis longtemps déjà pour renforcer la prise de conscience sur le thème de la biodiversité. La diversité des espèces en Suisse me tient aussi à cœur. En effet, chacun d’entre nous peut contribuer à la préserver. Je souhaite donc profiter de ma série en 4 parties sur mon blog pour présenter des moyens de contribuer à encourager une plus grande biodiversité. Dans cette 4e partie, je me penche sur le thème des «Arbustes et plantes vivaces sauvages indigènes».

Par Carmen

Plantes indigènes vs néophytes

Au cours des dernières décennies, le monde végétal indigène a été largement évincé par des plantes ornementales étrangères, les «néophytes» («nouvelles plantes»). Un jardin comprenant essentiellement des plantes offrant de grandes floraisons voire des plantes exotiques peut certes être spectaculaire. Mais il réduit de manière dramatique l’offre de nourriture pour les animaux adaptés au monde végétal indigène.

Les plantes indigènes offrent souvent des fleurs au caractère moins marqué que les plantes cultivées importées. Toutefois, elles ont une floraison attrayante, produisent des fruits et présentent, pour certaines d’entre elles, de magnifiques couleurs automnales! La différence décisive est qu’elles offrent de véritables espaces de vie et sources d’alimentation à de petits animaux tels qu’oiseaux, abeilles, papillons, syrphes, coléoptères et bien d’autres êtres vivants de la faune indigène et sont donc indispensables à la biodiversité. C’est pourquoi je souhaite vous montrer ci-après quels arbustes et plantes vivaces sauvages indigènes constituent d’attrayantes alternatives aux plantes importées.

Plantes ligneuses indigènes – Être plutôt que paraître

Je l’avoue: les fleurs de nombreux arbustes décoratifs, plantes ligneuses et plantes vivaces non indigènes cultivés sont magnifiques à regarder! Mois aussi, j’ai planté quelques unes de ces plantes dans mon jardin. Mais elles satisfont malheureusement en premier lieu nos propres idées esthétiques.

Sont appelées «indigènes» les plantes qui existent dans une région depuis plusieurs siècles. Toutes les plantes qui ont été introduites après 1492 sont considérées comme néophytes. Les plantes vivaces et ligneuses indigènes sont incontournables pour les personnes qui souhaitent agir en faveur de la biodiversité.

Afin que les plantes néophytes invasives telles que le laurier-cerise ne se multiplient pas de manière incontrôlée, elles ont, par exemple, été entièrement retirées de l’assortiment de Do it + Garden en 2019. Le vert standard du laurier-cerise est malheureusement encore visible dans nombre de nos jardins et de haies. Quel dommage! Une haie destinée à protéger des regards composée de plantes vivaces sauvages indigènes variées présente en effet de nombreux avantages:

  • Protection chamarrée contre les regards au lieu d’une ennuyeuse ligne verte
  • Tableau changeant au fil des saisons, avec des fleurs, des fruits et des couleurs automnales
  • Source de nourriture pour les abeilles, papillons et oiseaux
  • Facilité d’entretien: une fois qu’elles sont plantées, on peut les laisser pousser sans y toucher (sous réserve du respect de la distance de plantation et de la distance à la limite)
  • Simplicité d’éclaircissage: il suffit de retirer les pousses les plus anciennes, en coupant jusqu’à la souche
  • Les plantes vivaces peuvent être rabattues jusqu’à la souche toutes les quelques années soit jusqu’à la hauteur du sol. (Attention: ne pas couper tous les arbustes en même temps, car les animaux perdraient d’un coup l’ensemble de leur base de vie).
  • Adaptation à la sous-culture de fleurs à bulbes telles que les perce-neiges, les hyacinthes, les héllebores d’hiver, les anémones, les tulipes sauvages, les primevères et les corydales, ou avec des plantes vivaces telles que les pervenches, les géraniums, les aspérules odorantes, les asarets d’Europe, les lamiers, les fougères, les bergenias, les ceratostigmas, les héllébores fétides, les digitales, les sceaux de Salomon, les héllébores et bien d’autres encore!

 

Plantes vivaces sauvages indigènes

Cornouiller (Cornus mas)

Le cornouiller remplace idéalement le forsythia. Il fleurit précocement de mars à avril, peut atteindre jusqu’à 5 mètres s’il n’est pas taillé et apprécie tout particulièrement les emplacements ensoleillés à semi-ombragés. À l’automne, il produit des fruits rouge cerise qui peuvent être consommés, et fait partie des essences qui offrent de la nourriture aux oiseaux.

Charme (Carpinus betulus)

Les charmes ont toujours été très populaires comme plantes pour haies, car ils conservent leurs habits rouges-bruns d’hiver jusqu’à l’éclosion suivante des bourgeons au printemps et protègent ainsi des regards quasiment toute l’année. Non taillés, ils peuvent atteindre jusqu’à 10 mètres de hauteur.

Osier (Salix vimalis)

L’osier fleurit sous forme de chatons soyeux gris, de mars à avril. Il est tout particulièrement apprécié des abeilles indigènes. L’osier pousse en outre particulièrement rapidement et offre donc très vite une protection visuelle. Au printemps, il peut être utilisé comme décoration ou pour bricoler et tresser. Non taillé, l’osier peut atteindre jusqu’à 8 mètres de hauteur. Il peut néanmoins être sans problème rabattu à la taille souhaitée. Conseil: afin que les abeilles puissent vraiment profiter de l’osier, il faut le couper par tournus tous les deux ans.

Viorne lantane (Viburnum lantana)

Blanc, attrayant et pouvant atteindre une taille jusqu’à 10 mètres, le viorne lantane fleurit de mai à juin. Il s’agit d’un arbuste isolé, qui peut croître jusqu’à 3,5 m. Il est particulièrement mis en valeur lorsqu’il est seul. Il offre par ailleurs une belle structure de feuillage, peut être taillé, et très facile d’entretien. Au plus fort de l’été, les fruits de cet arbuste qui offre de la nourriture aux oiseaux prennent des teintes rouges, avant de devenir noirs à l’automne. Conseil: durant la période de floraison, le viorne lantane exhale un parfum intense et ne devrait donc dans l’absolu pas être planté à proximité d’un endroit où l’on s’assied.

Sureau noir (Sambucus nigra)

Le sureau noir est de loin mon arbuste préféré. Croissant extrêmement vite, il est idéal lorsqu’on souhaite être protégé rapidement des regards, et ses fleurs offrent un parfum incomparable de mai à juin! Avec les ombelles, je fais du sirop et je laisse chaque année les baies noires aux oiseaux. Une situation classique de gagnant-gagnant donc! Cet arbuste peut atteindre jusqu’à 5 mètres, mais sa pousse est facile à contrôler. Pour moi toutefois, c’est lorsqu’il conserve sa forme naturelle qu’il est le plus beau.

Noisetier (corylus avellana)

Le noisetier fleurit très tôt dans l’année et offre les premiers pollens aux abeilles et à d’autres insectes. Lui aussi croît très rapidement et peut atteindre une hauteur jusqu’à 5 mètres. Il est toutefois possible de le rabattre sur souche sans problème.

Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea)

Avec ses baies noires typiques, le cornouiller sanguin fait également partie des arbustes indigènes offrant de la nourriture aux oiseaux, en particulier à l’automne. Il fleurit de mai à juin, atteint une hauteur de 3 mètres, et se distingue par une croissance verticale et large.

Prunellier (prunus spinosa)

Avec ses petites fleurs blanches, le prunellier (également appelé «épine noire») fait partie des arbustes à floraison précoce (mars à avril). Il est très apprécié comme garde-manger par les oiseaux. Il est recommandé d’installer une barrière anti-racines dans le jardin, le prunellier ayant tendance à proliférer. Il est également possible de tout simplement éliminer régulièrement les ramifications.

Troène commun (Ligustrum vulgare)

Beaucoup de personnes connaissent uniquement le troène dans sa forme taillée. Toutefois, les troènes sont tout particulièrement attrayants lorsqu’on les laisse pousser librement. Ils peuvent atteindre jusqu’à 3 mètres de hauteur. Leurs fleurs sont présentes de juin à juillet et se transforment en baies noires à l’automne.

Boquettier (malus sylvestris)

Le boquettier est un pommier sauvage indigène, qui donne des fleurs blanches-roses d’avril à mai et, en tant qu’arbuste, peut atteindre jusqu’à 5 mètres de hauteur. Il produit de petits fruits acides et prend des teintes particulièrement belles à l’automne. De nombreuses espèces d’insectes en danger ont besoin du boquettier pour leur développement.

Fusain d’Europe (Euonymus europaeus)

Le fusain d’Europe est un arbuste particulièrement joli. Une beauté qu’il doit notamment à ses teintes automnales marquées et à ses fruits décoratifs. Le fusain est un garde-manger exceptionnel pour les oiseaux et peut atteindre jusqu’à 5 mètres de hauteur. Mais prudence: les fruits et les feuilles du fusain sont extrêmement toxiques pour les êtres humains et les animaux domestiques.

Rosier pimprenelle (Rosa pimpinellifolia)

Le rosier pimprenelle est un rosier sauvage indigène aux fleurs blanches, qui s’épanouit n’importe où, même dans les lieux arides. Il offre une floraison riche et précoce et donne de jolis cynorrhodons à l’automne. Il atteint environ 2 mètres de hauteur et autant de largeur. Il s’agit d’une plante typique à nectar et à pollen, qui s’étend par ramifications. Conseil: le rabattre seulement après la floraison, afin que les nouvelles pousses puissent arriver à maturité durant l’été et que le rosier fleurisse à nouveau l’année suivante.

Planter des arbustes sauvages

Les arbustes sauvages sont peu exigeants. Lors de la plantation, il faut toutefois respecter certaines règles. Les saisons idéales pour planter des haies sauvages sont le printemps ainsi que l’automne/hiver (tant que le sol n’est pas gelé!). Le trou de plantation doit être environ deux fois plus grand que la motte. Avant d’être plantée, la motte doit être plongée dans de l’eau, jusqu’à ce qu’elle soit saturée. Les mottes fortement ramifiées sont entaillées avec un couteau ou un ciseau sur environ 1 cm, afin que l’arbuste fasse rapidement de nouvelles racines et ne continue pas à pousser de manière circulaire. L’arbuste est planté à une hauteur équivalente à celle qu’il avait auparavant dans le pot. Le trou est ensuite comblé avec du terreau aéré et un peu de compost ou de râpures de corne. La terre autour du trou de plantation est légèrement tassée, afin de créer un creux d’arrosage. Après cela, arroser abondamment et, si nécessaire, installer un piquet pour soutenir l’arbuste.

 

Plantes vivaces sauvages indigènes

Les plantes vivaces sauvages sont très polyvalentes. Elles s’intègrent partout, demandent peu de travail et ne doivent être arrosées que jusqu’à ce que leur croissance démarre. Après cela, plus aucun soin n’est nécessaire, si ce n’est un rabattage au printemps. Qu’elles soient plantées dans le jardin ou en pot, les plantes vivaces sauvages indigènes produisent de magnifiques images florales. Elles fournissent en outre de la nourriture à de nombreuses espèces d’animaux différentes.

Personnellement, j’ai été particulièrement séduite par des compositions pastelles composées de différentes campanules, salicaires, grandes astrances et polémoines bleues. Les différentes variétés de géranium bec de cigogne offrent une très riche floraison et conviennent également pour les emplacements difficiles. L’aspérule odorante croît et fleurit sans problème chez moi, et couvre le sol dans des zones ombragées sous les arbres. La colombine panachée indigène quant à elle donne des fleurs magnifiques, presque exotiques, qui produisent également un effet splendide au milieu d’un massif de vivaces.

 

Salicaire et colombine panachée

Les plantes vivaces sauvages s’intègrent d’une manière quasi évidente dans un jardin existant. Essayez et, lors de votre prochain achat, optez pour des plantes vivaces indigènes telles que les immortelles, les anémones, les ancolies, les centaurées des montagnes, les saponaires, les aspers des Alpes, les scabieuses des champs ou les salicaires.

Peut-être que l’une ou l’un d’entre vous aura même envie d’enrichir son jardin avec un très grand pré de fleurs sauvages, ou un îlot de fleurs de ce type. Pour découvrir à quel point c’est simple à réaliser avec les briques végétales préplantées Sellana composées de plantes vivaces indigènes, lisez l’article de blog «Briques végétales – des îlots fleuris pour plus de biodiversité».

 

Bilan

Avec des plantes indigènes sur le balcon ou dans le jardin, nous contribuons de manière précieuse à la biodiversité en Suisse. Ces essences y vivent en effet depuis des siècles et sont extrêmement importantes pour l’équilibre de la nature. Il est tellement simple de contribuer au maintien de la biodiversité, tout en découvrant au passage l’extraordinaire beauté et la diversité de la nature indigène.

Carmen

«Salut, je m’appelle Carmen. J’habite avec mon mari et mes deux enfants, notre chien et nos chats, dans un petit village du canton de Thurgovie. Mon jardin m’offre un équilibre merveilleux avec ma profession d’architecte indépendante, et j’aime y travailler. Depuis 2008, dans mon blog sur le jardinage Ein Schweizer Garten je relate la création de notre jardin, que nous avons composé nous-mêmes. J’ai dû recevoir mes pouces verts au berceau, car je m’occupais déjà de ma propre plate-bande quand j’étais petite. Je suis heureuse de pouvoir partager ma joie de jardiner.»

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4 commentaires

  1. Padrig 06.09.2021 um 20:23

    Merci Carmen pour ces 4 articles sur le développement de la biodiversité au jardin, en se basant sur les plantes indigènes.
    C’est une approche encore pas assez connus des jardiniers qui choisissent des plantes en jardinerie uniquement sur leur aspect esthétique et les critères basique Exposition/ Période de fleurissement / Sol. ALors qu’il suffit bine souvent d’obsrver la nature environnante et les haies fleuries pour identifier les plantes utiles à l’écosystème local
    Je vais mettre en application.

    Padrig LaGazette

  2. Jean-Jacques 12.05.2020 um 20:44

    Bravo Carmen
    Je partage entièrement votre opinion

  3. dora lemaire 11.05.2020 um 08:36

    On vous doit un grand merci pour ce beau travail avec des conseils tellement positifs . En général depuis les années 1950 , on s’est fait influencé par les modes de plantations , comme en Amérique etc . Hélas , on a vu apparaître les haies avec des arbustes de thuyas et on s’est isolé des voisins, au lieu de profiter de la campagne et d’avoir une haie qui fait tellement de bien aux animaux. qui sont nous , car sans les abeilles et tous les autres , nous finiront par ne plus exister. J’aimerais connaitre votre adresse mail . pouvoir recevoir votre article ainsi et mieux le partager avec plus de monde . En vous remerciant Mad.Dora Lemaire

    1. Carmen 11.05.2020 um 15:06

      Chère Madame Lemaire
      Cela me plaît beaucoup ! Vous pouvez copier et partager des photos et des textes du blog. Veuillez vous assurer que vous mentionnez la source.
      Meilleures salutations
      Carmen Siegrist

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